En effet changer permet de s'adapter et arrêter de changer signifie renoncer à "rester dans la course" , se retrouver progressivement en complet décalage par rapport à son environnement.
Dans mes accompagnements les problématiques rencontrées concernent le plus souvent des équipes et des individus en demande de changement.
Le fait de vouloir passer d'une situation vécue à une situation désirée laisse supposer que la première est source de malaise , de mal-être voire de souffrance.
Et malgré tout cela la vigilance est de mise , vérifier que la personne désire vraiment changer est un préalable incontournable.
Ce questionnement n'a rien de psychanalytique ( Freud disait que ses patients désiraient guérir mais tenaient souvent plus à leurs névroses qu'à eux mêmes)
Je ne veux pas dire ici que les personnes restent "accrochées" à leur problème mais plutôt qu'elles craignent le moment de s'engager sur la voie du changement , de sortir de leur zone de confort, de faire des choix et de renoncer.
Choisir de mettre en place de nouveaux comportements peut aussi déranger ou déstabiliser un entourage habitué à nos anciennes attitudes .
Le meilleur exemple est celui des personnes qui ne savent pas dire non et qui vont avoir peur de décevoir , de ne pas être aimées ou d'être rejetées par un entourage habitué à les entendre dire toujours oui à toute demande.
Or ne pas déranger reviendrait à rechercher le changement sans rien changer!
L'exemple suivant illustre aussi bien ce type de situation: un jeune cadre vient de se voir confier un poste de responsabilité et me sollicite pour développer son leadership.
Son patron le surcharge de dossiers tous plus urgents les uns que les autres.Grâce à l'écoute , au questionnement et en gardant en ligne de mire son enjeu,il aboutit à la conclusion qu'il doit expliquer à son patron la nécessité de hiérarchiser les dossiers et de revoir les délais de réalisation des différents projets , mais osera t il le faire?
Mon travail consiste à lui faire prendre conscience du choix qu'il a entre :le gain à long terme"développer son leadership" ou le gain à court terme "éviter d'affronter son patron" (patron dont il ne fait d'ailleurs que présumer,par peur, de la réaction négative!)
Sur un autre plan il y a la crainte que certains changements puissent déboucher sur une situation plus problématique que celle de départ . Le changement de comportement de la personne accompagnée risque de remettre en cause l'homéostasie de son système (familial ou professionnel) par la mise en place d'un nouvel équilibre susceptible de ne pas convenir à tout l'entourage.
Tout cela explique que l'on voie certaines personnes faire carrément demi-tour quand l'engagement sur la voie du changement semble trop difficile à tenir dès qu'une remarque est faite sur leurs nouvelles attitudes.
D'où la nécessité dans tout accompagnement de proposer au client de penser et de poser toutes les protections nécessaires et préalables à la mise en place des actions de changement décidées.
C'est une forme d'anticipation des risques encourus , de vérification de la volonté de changement et même de freinage éventuel.
Cela peut paraître paradoxal mais il est essentiel que la personne garde la main et qu'elle sache qu'elle a toujours le choix de revenir en arrière en toute autonomie et responsabilité.
Curieusement c'est ce qui va créer chez elle une motivation puissante l'amenant à se mobiliser pour un véritable changement de l'intérieur ou bien à prendre finalement conscience que certains côtés de la situation actuelle représentent un coût moins élevé par rapport aux risques du changement, du moins pour le moment.
Donc il y lieu d'aborder d'aborder le changement de manière plus nuancée.
Sortir de la dichotomie:"Tout changer"/"Ne rien changer" , ne pas avoir à choisir entre continuité ou rupture mais garder à l'esprit qu'un changement peut combiner les deux dimensions.
