LES IDENTITES MEURTRIERES

lundi 12 janvier 2015

Le titre de cet essai ( paru en février 2001) peut sembler à prime abord abusif.
Pourtant il s'agit d'une réflexion d'une rare humanité à travers laquelle Amin Maalouf s'interroge  sur la notion fondamentale d'identité et toutes les passions qu'elle peut  susciter ou plutôt déchainer en nous.
Son constat  s'inspire aussi bien de son propre vécu que de la philosophie et de l'histoire , il est illustré par certains des nombreux conflits qui ont traversé le siècle dernier.
Auxquels je viendrai ajouter avec tristesse tous les nouveaux événements  et dérives sanglantes qui ont malheureusement et douloureusement marqué les 2 premières décennies du XXI ème siècle au nom de ces identités.
Bien qu'originaire d'une terre toujours embrasée,l'auteur tente  sereinement  et sans parti pris de formuler clairement les véritables enjeux de ce troisième millénaire.
Le sentiment d'appartenance collective à une culture , à une nation ou à une religion est certes légitime , pourquoi nous conduit-il hélas  trop souvent à la peur et à la négation de l'autre? 
Nos sociétés sont elles condamnées à jamais à la violence parce que nous ne parlons pas la même langue, nous n'avons pas les mêmes croyances ou nous ne sommes pas de la même couleur?
C'est l'enfermement dans une seule et unique identité qui conduit au rejet et à la haine de la différence.
Ce livre nous démontre que loin d'être donnée une bonne fois pour toutes et de manière définitive, notre identité est la résultante de tellement de faits historiques qu'elle peut être considérée comme une construction variable.
Il en dénonce aussi bien les chimères que les pièges et les instrumentalisations .
Il nous suggère, tout en restant fidèles à nos valeurs , de nous ouvrir aux autres et d'accepter les leurs sans se sentir menacés.
Il milite pour une société nouvelle basée sur l'acceptation et l'échange;où chacun puisse assumer son ou ses identités sans avoir à affronter le rejet de l'autre voire sa folie meurtrière.
C'est une invitation à un humanisme ouvert qui refuse aussi bien l'hégémonie et l'uniformisation que le repli sur le groupe ou la "tribu"
Il suffirait d'un minimum d'empathie pour se mettre à la place de l'autre , le comprendre .
Un minimum d'ouverture pour renoncer aux cases et étiquettes enfermantes et sclérosantes.
Voilà une lecture d'une triste actualité à un moment où des mèches s'allument de partout sous les barils et le plus tragique c'est que ce sont des mèches humaines!

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